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la kiswa, étoffe de la kaaba

    Destination internationalement connue, la Kaaba à La Mecque, est un lieu sacré de l’islam. Durant la période du pèlerinage, l’étoffe de soie noire la recouvrant est changée et remplacée comme chaque année.
    Zoom sur cette tenture artistique appelée la kiswa (de l’arabe كسوة).

    kaaba
    La Kaaba, placée au centre de la Grande Mosquée de La Mecque

    Quelques chiffres-clés

    La kiswa coûte environ 25 millions de riyals saoudiens (plus de 6 millions d’€) et pèse environ 850 kg. En effet, 670 kg de soie brute sont utilisés pour sa fabrication. Soit environ 120 kg d’or et 100 kg d’argent pour les transcriptions qui la décorent. Le tissu mesure 14×47 mètres, couvrant ainsi une surface de 658 m2.

    C’est en Juillet 2023 que le dernier changement a eu lieu.
    Ainsi la fabrication de la prochaine Kiswa pour l’année prochaine (1446 du calendrier hégirien) a déjà débuté.
    Voici une vidéo montrant la cérémonie de cet évènement annuel.

    Une œuvre exceptionnelle

    Ornée à mi-hauteur de calligraphies principalement en style Thuluth de la profession de foi musulmane et de versets coraniques. Les décorations sont brodées en fils plaqués or et argent.

    Les inscriptions sont toujours les mêmes d’une année à l’autre. Seul le modèle de conception et d’écriture est changé de temps en temps. Selon des suggestions faites par un groupe d’artistes et de calligraphes.
    Ce travail minutieux est confié à seulement quelques personnes nommées par les hautes instances religieuses. L’usine emploie plus de 200 personnes, hautement qualifiées et toutes de nationalité saoudienne.

    Parmi ces personnalités, Mokhtar Alim Shaqdar. Passionné pour la calligraphie depuis enfant et qui a développé son talent au fil des années…

    Mokhtar Alim ShAQdAr, calligraphe de la Kiswa

    « Calligraphier cinq mots peut prendre deux à trois mois, parfois plus, bien plus qu’une heure comme certains le croient »

    Mokhtar Alim Shaqdar
    Mokhtar Alim Shokder, calligraphe à l’usine de la Kiswa de la Kaaba
    (Photo du site arabnews.fr)

    Pendant très longtemps, la kiswa était fabriquée puis offerte par les sultans égyptiens, avant d’être transportée à La Mecque avec la caravane du pèlerinage. Au début des années 1930, le gouvernement saoudien a ordonné la fabrication de la kiswa dans le royaume et a fait construire une usine dans ce but. De nos jours, la soie continue à être importée, et la kiswa est cousue dans une usine bâtie vers 1975 en Arabie Saoudite.
    Aujourd’hui Mokhtar Alim Shaqdar occupe le poste prestigieux à l’usine de la Kiswa de la Sainte Kaaba.

    la passion avant tout

    Au cours de l’été 1977, alors qu’il est étudiant en troisième année, Mokhtar rejoint un cours de calligraphie pendant trois mois dans la Grande mosquée de La Mecque. Lors de cette expérience, il montre de telles aptitudes qu’il impressionne ses professeurs. L’année suivante, il est lui-même nommé professeur de calligraphie.

     « La calligraphie est ma passion. Je pratiquais durant des heures. J’aidais mes camarades lorsqu’ils avaient besoin d’un conseil ou d’aide pour s’améliorer, se souvient-il. J’étais heureux de partager du temps et d’étudier avec eux ! Avec toujours ce désir de me perfectionner encore et encore. La calligraphie prend beaucoup de temps et nécessite de la patience et de la précision. »

    En 2003, Mokhtar Alim Shaqdar a été nommé seul calligraphe pour la Kiswa de la Kaaba, une position prestigieuse qui faisait rêver son père.

    Selon lui, les calligraphes passent de longues heures à travailler et l’exécution de tels travaux entraîne une véritable pression, mais c’est aussi c’est détermination qui leur permet aussi de se perfectionner au fil des ans.

    Qu’est-il inscrit sur la kiswa ? (vidéo)

    une évolution au fil des ans

    Les méthodes d’écriture sur la Kiswa ont beaucoup évolué au fil du temps. Abdelraheem Ameen Bokhari, le prédécesseur de Shaqdar, aujourd’hui décédé, utilisait de la craie pour dessiner le texte sur le tissu de soie. Depuis, avec l’avènement de la sérigraphie, le calligraphe de la Kiswa pour la Kaaba peut maintenant améliorer son texte en continu et sauvegarder son travail sur ordinateur.

    « Dans les temps anciens, on utilisait d’abord du papier sur lequel on écrivait les mots, puis les bords des lettres étaient perforés avec une aiguille. Les papiers étaient ensuite placés sur un tissu noir utilisé pour l’écriture, détaille Shaqdar. À l’aide d’un sac transparent en tissu rempli de poudre blanche, on poinçonnait les lettres. Le processus d’embellissement commençait quand le brodeur travaillait avec un fil chaque bord extérieur de lettre. Il a fallu du temps et des recherches approfondies pour développer ces techniques. »

    Écrire sur la Kiswa nécessite de solides compétences et de longues heures de formation. Le calligraphe doit être capable de travailler les textes composés qui se superposent, l’obligeant à pousser toujours plus loin les limites de son art riche aux multiples facettes.

    Sa police préférée est Naskh, une écriture sans empattement qui se caractérise par l’absence de « crochets » aux extrémités des traits ascendants et descendants. Elle est considérée comme l’une des premières formes de calligraphie islamique et c’est elle qui est utilisée dans le Saint Coran. Cependant, il utilise plus souvent la police Thuluth, car elle permet de tracer des lignes et des pentes courbes et obliques. C’est cette dernière qui est utilisée pour écrire sur la Kiswa. Selon lui, les méthodes d’écriture sur la Kiswa ont beaucoup évolué au fil du temps.

    Saviez-vous par ailleurs que les couleurs des revêtements de la Kaaba ont régulièrement changé à travers les âges ?

    Chaque année, à la fin du hajj, la kiswa est remplacé par une nouvelle étoffe. L’ancienne est alors découpée en morceaux de diverses tailles qui sont offerts à différentes personnes, musées et organisations du monde musulman. Ces morceaux servent également à décorer des bâtiments gouvernementaux saoudiens, ou les ambassades saoudiennes.
    Une partie de la Kiswa est également exposée à l’ONU.

    Je vous invite à regarder ce reportage exclusif nous montrant la splendeur d’une telle étoffe.
    Merci à Muslim Story qui a traduit cette vidéo pour les francophones, l’original étant accessible ici.

    Consultez également cet article : Le dôme du rocher, Al Aqsa , un autre lieu sacré et monument historique.

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